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no lips no kiss
3 mars 2007

depressor anguli oris #2

Parfois je me dis que tout pourrait s'arrêter là. Qu'aligner quinze années de plus ne donnerait pas plus d'épaisseur à cette vie. Si j'écris cela, ce n'est pas à cause du piano crépusculaire que j'entends, ni par la faute des cordes emmêlées qui pourchassent le même piano crépusculaire, non, bien sûr que nenni, c'est juste parce que la vie est chienne. Parce que parfois l'existence, si petite infime soit-elle… Et merde, nous sommes bien là pour quelque chose. Pour un truc qui vaille la peine. Justement la peine, elle couve tout au long du parcours. Et puis il y a la cohorte des monstres.

….

Vous étiez petit. Et vous étiez déjà inquiet. Ils débarquaient de nulle part. Ils glissaient des étagères, surgissaient de dessous le lit. A la lumière éteinte, après le baiser fugace, vous imaginez ce baiser sur le front qui faisait passer cet abandon provisoire aux entrailles de la nuit. Et à sa cohorte de monstres. Ces ombres malveillantes qui venaient vous tirer par les pieds.

Vous étiez petit. Et vous imaginiez sur le mur d'en face la course de Bambi. Son chagrin. Ses grands yeux mouillés quand il su qu'il ne connaîtrait plus le souffle chaud d'un baiser sur le front...

Trois petits points et puis s'en va.

….

Vous êtes grand maintenant. Et vous ne savez plus quand votre mère vous a laissé. Vous ne savez plus le goût du baiser sur le front. Vous ne savez que la nuit peuplée de monstres. Tout comme les jours . Des jours avalés par celui qui ressemble à un grand silure.

Le piano du crépuscule se fait entendre à nouveau.

….

Je ne sais pas si tu es parti avec ton éternelle casquette. Je ne sais pas s'il te restait un copain pour t'accompagner. Je ne sais pas sous quelle terre tu reposes. Je ne sais pas sous quel ciel on a dispersé ton corps.

Je sais le mal de chien.

Je me souviens de tes lunettes opaques. De la grenadine. Des fins de dimanche derrière les volets. De ta grande carcasse. Des yeux gris bleus dont j'ai hérité. Du petit casque de pompier. Des gâteaux secs. Je me souviens que tu n'aimais pas le fromage.

Je ne souviens que je n'ai jamais dormi chez toi. C'est un truc que vivent les petits enfants d'aujourd'hui. Je me souviens quand tu me racontais ta vie de soldat. Je me souviens ne pas avoir pris de notes. Je me souviens du grand appartement en centre ville. Du tournoi de Wimbledon en noir et blanc. Des vieilles éditions de Tintin. Et de la boulangerie à deux pas.

Mais je sais aussi nos absences.

Te voilà ailleurs. Désormais dans la Vie Nouvelle.

a silver mt. zion "For Wanda"

 

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Commentaires
J
Merci tellement...
J
J'aime ce groupe et cette chanson depuis très longtemps, mais avec ce texte c'est encore plus beau, je ne saurais dire si la musique embellit le texte ou l'inverse... Ils sont beaux ces mots, à la fois tristes et teintés de nostalgie...
S
tu me visites, je te visites....
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